Chaque kilomètre de la nationale 20 renverse les statistiques : ici, le danger ne se cache pas, il s’affiche. D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, cette route cumule un taux d’accidents qui dépasse largement la moyenne du pays. Radars automatiques, limitations à 70 km/h sur certains segments : les dispositifs classiques se multiplient, mais les collisions sérieuses s’enchaînent, surtout à l’approche des villes et des carrefours.
Sur plusieurs tronçons, l’absence de séparateurs centraux laisse le champ libre aux chocs frontaux. La forte circulation de poids lourds achève de transformer la RN20 en axe à haut risque. Face à une telle configuration, les recettes habituelles de sécurité montrent rapidement leurs limites, forçant autorités et conducteurs à revoir en profondeur leurs stratégies de prévention comme d’intervention rapide.
Quels sont les risques majeurs sur les nationales françaises ?
Le réseau des routes nationales et départementales impose une vigilance de chaque instant. Ces axes, véritables artères du territoire, concentrent plus de six accidents mortels sur dix enregistrés dans le pays en 2015. Entre villes, campagnes et montagnes, ils dessinent un parcours semé d’embûches. La RN20 retient l’attention, mais elle partage son triste palmarès avec la D2007, la N113, la N79 (RCEA), la RN85 (Rampe de Laffrey) et la N4, toutes réputées pour leur dangerosité.
Sur ces routes, le risque de perdre la vie grimpe en flèche, cinq fois plus qu’une autoroute. Plusieurs facteurs s’additionnent : routes sans séparation centrale, dépassements audacieux, revêtements abîmés, signalisation imparfaite. À cela se greffent des comportements à risque : téléphone à la main, conduite sous alcool, substances, fatigue, vitesse mal adaptée…
Aux beaux jours, la tension s’intensifie. Chaleur, trafic dense et baisse de vigilance évaporent toute routine, notamment hors agglomération, zone où se concentre la plupart des accidents mortels. Les routes de montagne, des Alpes aux Pyrénées, du Cantal au Verdon, ajoutent leurs propres pièges. Brouillard soudain, verglas, pluie torrentielle exigent une maîtrise totale du véhicule. Sur la RN116 ou les virages du col du Solude, la prudence n’est jamais superflue.
Sur le réseau secondaire, contrôles rares et excès de confiance décuplent les dangers. Statistiquement, les axes les plus accidentogènes traversent volontiers des territoires peu armés sur le plan de la prévention et des messages d’alerte.
Urgence sur la route : comment réagir efficacement en cas de danger
Décoder l’alerte et s’informer en temps réel
Sur les nationales à fort risque, chaque minute pèse lourd. Dès qu’un signal d’alerte apparaît, il faut évaluer la menace sans attendre. Météo France publie bulletins et cartes de vigilance météo : verglas annoncé, orages, vent tempétueux, l’analyse de ces éléments doit guider le moindre déplacement. En période d’alerte orange, mieux vaut différer son trajet, surtout sur des routes déjà réputées dangereuses telles que la RN20, la N79 ou la RN85.
Pour limiter les mauvaises surprises, il convient de retenir les réflexes suivants :
- Accordez toute votre attention aux informations circulation diffusées par Bison Futé ou à la radio dès qu’une situation dérape.
- Appliquez les consignes officielles sans hésiter : ralentissez, respectez les consignes, suivez les itinéraires de déviation dès qu’ils s’imposent.
Mesures réflexes en situation d’urgence
Dès qu’un incident bloque la route ou génère un risque immédiat, signalez-le rapidement via une borne d’appel ou en composant le 112. Installez le triangle de signalisation à bonne distance, munissez-vous du gilet fluorescent. Les passagers doivent être mis en sécurité, à l’écart de la chaussée, de préférence derrière la glissière, jamais sur la route, même pour porter assistance.
Informer précisément les secours, c’est gagner de précieuses minutes : nommez le tronçon, la direction, les villes proches. Une communication claire permet aux équipes d’agir vite et efficacement. Ne relâchez pas la vigilance tant que la situation n’est pas parfaitement sécurisée ; continuez à surveiller les bulletins d’alerte et ajustez vos choix d’itinéraire si les circonstances se dégradent.
Préparer son trajet : conseils pratiques pour voyager en toute sécurité
Emprunter une route nationale dangereuse, RN20, N79, RN85, N113, N4, D2007, nécessite une préparation plus sérieuse que jamais. Il est utile de repérer, à l’avance, les secteurs réputés à risque, département par département, où la combinaison trafic dense et chaussées vieillissantes multiplie les pièges.
Vérifier soigneusement son véhicule s’impose : pression et état des pneus, bon fonctionnement des freins, feux opérationnels à toute heure. En montagne, de la D902 dans les Alpes à la D918 ou au col du Solude dans les Pyrénées,, un équipement adapté va de soi : chaînes, liquide antigel et gilet fluorescent doivent faire partie du voyage. Les pauses, elles, ne relèvent pas du confort mais d’une question de vigilance : la fatigue, surtout l’été, pèse lourd dans la balance des causes d’accidents.
Voici les points à garder en mémoire pour circuler avec prudence :
- Respecter strictement la vitesse indiquée, notamment sur les segments limités à 80 km/h.
- Adopter une conduite défensive : augmenter les distances, contrôler chaque carrefour, rester attentif aux routes dépourvues de séparation centrale.
- Laisser le téléphone de côté, sans la moindre entorse.
Appliquer ces règles n’est pas faire preuve d’excès de zèle. Plus d’un accident mortel sur deux a lieu hors des centres urbains : ces nationales façonnent la statistique. Prendre le temps de bien préparer son trajet, informer ses proches de son passage sur des axes à risque, c’est déjà réduire de beaucoup le danger.
Le rôle clé des services de l’État dans la prévention et la gestion des crises
La sécurité sur les routes nationales ne s’arrête pas à la vigilance individuelle. L’organisation collective façonne la prévention et la gestion des situations extrêmes. Depuis 1987, une loi oblige l’administration à rendre l’information sur les risques accessible à tous. Les textes Barnier (1995) et Bachelot (2003) ont renforcé ce cadre, ajoutant la sûreté face aux risques naturels et technologiques dans chaque politique publique. Pour les dangers industriels majeurs, la directive Seveso complète le puzzle législatif.
Le ministère de l’Intérieur pilote police, gendarmerie, collectivités locales et maires, notamment sur les axes secondaires où la coordination reste un défi. Plus de 24 milliards d’euros seront investis en 2024 pour moderniser radars, renforcer la signalisation, entretenir la voirie, et encadrer la vitesse à 80 km/h là où cela s’avère nécessaire.
Lorsqu’un accident grave survient, le plan ORSEC active la réponse d’urgence collective. Les plans de prévention des risques, intégrés aux documents d’urbanisme, envisagent jusqu’aux scénarios les plus extrêmes : rupture de barrage, inondation, pollution toxique. Des catastrophes telles que l’explosion d’AZF à Toulouse ou la tragédie de Tchernobyl ont métamorphosé la gestion publique des crises. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la coordination, la rapidité d’intervention et le partage instantané d’informations auprès de la population.
Sur la RN20 comme sur tant d’autres axes redoutés, chaque trajet mobilise la prudence. Mais l’avenir d’une route plus sûre se dessine aussi dans la force de la réponse collective, la solidité des politiques publiques et la rapidité avec laquelle chacun, conducteur ou institution, sait faire face à l’urgence.



